Installation et transmission des fermes en Bretagne : un défi majeur !
8 juillet 2022
7 minutes de lecture
L’agriculture fait face à un défi démographique majeur : la moitié des entreprises agricoles seront à reprendre d’ici 10 ans. Or, les départs de chef·fes d’exploitation ne sont pas compensés par les installations, pour de multiples raisons, souvent entremêlées. Face à ce constat, le Conseil régional a lancé à l’automne 2021 les États généraux de l’installation et de la transmission (EGIT) dans l’objectif de contribuer à stopper la baisse du nombre de fermes en Bretagne. Le CESER apporte sa contribution à cette consultation.
Le constat
Le secteur se trouve confronté à une pyramide des âges vieillissante. En effet, 56 % des agriculteurs·trices de Bretagne ont plus de 50 ans et 36 % plus de 55 ans. Si 750 nouvelles installations ont été recensées en 2020, ce sont 2000 départs à la retraite qui sont comptabilisés annuellement dans la région. Seul un départ sur trois est aujourd’hui compensé ! Selon le CESER, cette relative distorsion entre l’offre et la demande pourrait trouver des éléments d’explication dans l’inadéquation des types d’entreprises agricoles à reprendre, mais également dans des problématiques liées aux territoires, à l’attractivité ou encore au foncier.
Les atouts
Malgré ce constat, il existe une réelle attractivité régionale et d’importantes dynamiques d’innovation dans les métiers de l’agriculture. La recherche agronomique est bien développée en Bretagne et le renouvellement des générations constitue une opportunité pour la diffusion des innovations en matière de travail, de coopération et d’organisation. A ce titre, près de 2000 personnes visitent le Point accueil installation chaque année, marquant l’attrait de la population pour les métiers de l’agriculture. Le CESER attire l’attention sur l’importance d’un réseau diversifié de formations agricoles en Bretagne (nombreux lycées agricoles publics et privés, diversité des formations), ainsi que sur les outils de pilotage du foncier (notamment une SAFER opérationnelle), en cohérence avec un maillage agricole et agroalimentaire dense sur le territoire.
Pour le CESER, si les départs à la retraite constituent une problématique importante en termes d’activité et de dynamique économique pour les territoires bretons, ils représentent aussi une opportunité pour des échanges parcellaires, des changements de destination des bâtiments, voire des changements de production.
La taille des exploitations : une difficulté ?
Si les exploitations bretonnes restent à taille humaine, diversifiées en termes de productions et reconnues pour la qualité des produits, la tendance n’en reste pas moins au regroupement et à l’agrandissement. En effet, la Bretagne a perdu le quart de ses fermes en une décennie tout en conservant sa surface agricole. Or, le CESER constate que des outils de production surdimensionnés par rapport au projet de reprise sont potentiellement plus difficiles à transmettre. Une charge de travail plus lourde peut ainsi aller de pair avec une augmentation de la valeur des entreprises agricoles à reprendre.
Protéger le foncier
Le CESER met également en exergue des tensions sur le foncier au niveau régional. La transmission peut impliquer des concurrences entre les différentes productions agricoles, mais aussi entre les agriculteurs et d’autres secteurs d’activité. Cette pression foncière, accrue du fait d’une forte attractivité régionale, induit une concurrence entre rural et urbain et pourrait élever de nouvelles barrières dans l’intention de s’installer. C’est pourquoi, le secteur reste dans l’attente d’une nouvelle loi
foncière plus ambitieuse, afin d’améliorer les capacités d’intervention sur les achats de terres. Aussi, pour le CESER, il reste important de protéger le foncier agricole, la Bretagne étant la deuxième région de France en termes d’artificialisation.
Formation : des progrès restent possibles
Le CESER relève que la formation en faveur des métiers de l’agriculture dispensée en Bretagne est de qualité et reconnue, et que le niveau de formation de plus en plus poussé (niveau IV minimum) constitue un prérequis à l’installation aidée. Il suggère cependant de développer l’apprentissage agricole ainsi que la formation continue (accompagnement des transitions, management, évolution des salariés, etc.). De même, l’enseignement de l’agroécologie doit être renforcé, aussi bien en formation initiale qu’en formation continue. A ce titre, le développement des parrainages pour l’installation montre une volonté de transmettre les savoir-faire.
Par ailleurs, les formations qualifiantes constituent de véritables leviers pour faire découvrir les métiers et accéder au salariat, ainsi qu’un tremplin à l’installation. Il faut ainsi faciliter et améliorer les conditions de travail à travers la formation, l’innovation technique et organisationnelle ou encore l’accompagnement en stratégie de développement et en management. Le CESER alerte cependant sur les lourdeurs des formalités pour accéder aux formations, avec le risque de réduire les inscriptions, et par conséquent, l’offre de formation elle-même.
Les propositions du CESER
Face à ces constats, les propositions du CESER s’articulent autour de trois axes :
- Donner les moyens aux acteurs de l’accompagnement, renforcer la cohérence de leurs actions et rendre l’offre d’accompagnement plus lisible
- Adapter l’offre à la demande. Cela passera, dans certains cas, par la réhabilitation non seulement des outils de production, mais également des bâtiments (notamment le désamiantage d’une partie d’entre eux) et des logements (dans le cas où ils seraient vétustes)
- Mieux informer sur les métiers de l’agriculture dans leur diversité et accompagner les mobilités professionnelles
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