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Santé mentale des jeunes : « il est possible de porter un regard positif sur ces questions ! »

Lors de sa session des 19 et 20 juin, le CESER a adopté un rapport intitulé « Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne. Promouvoir la santé mentale avec elles et avec eux ». Rencontre avec ses rapporteures, Mireille MASSOT (Collectif interassociatif sur la santé) et Fabienne COLAS (Union régionale de la Mutualité Française.

D’où est venue l’idée de travailler sur le bien-être et la santé mentale des jeunes ?

M.MASSOT. On sortait du plus fort de la crise Covid. De partout, on recevait des signaux qui nous montraient que la crise avait créé du mal-être, et les jeunes semblaient particulièrement touchés.

F. COLAS. Les jeunes ont payé un lourd tribut à cette crise sanitaire. Dans un premier temps, ils ont été oubliés, voire suspectés. Ensuite, il y a eu un changement de ton, et l’on s’est rendu compte collectivement de l’urgence de prendre des mesures en direction de la jeunesse.

S’il y a eu cette prise de conscience des acteurs publics, en quoi le sujet est-il toujours actuel ?

F. COLAS. Les effets de la crise se font toujours sentir. D’une part, les impacts psychiques peuvent être décalés dans le temps. D’autre part, certains de ceux qui n’allaient pas bien au plus fort de la crise ne vont pas mieux.

M. MASSOT. Il ne s’agit pas que du Covid : beaucoup de facteurs créent du mal-être, qui sont liés à la géopolitique, à l’économie ou à l’écologie, avec une crise dont les jeunes nous tiennent pour responsables. Il y a aussi une crise démocratique, dans laquelle on n’écoute probablement pas assez les jeunes. Au final, c’est un méli-mélo de choses, difficiles à séparer mais qui peuvent créer de l’anxiété.

L’autre nouveauté, c’est qu’avec le Covid, certains ont probablement pris conscience que la souffrance psychique est un phénomène qui n’arrive pas qu’aux autres, et qui doit être distingué de la maladie.

Comment agir, face à une situation si complexe ?

F. COLAS. Nous avons adopté une approche positive. L’idée n’était pas de travailler sur la prise en charge des troubles et des maladies (pour laquelle nous n’ignorons pas qu’il y a des manques énormes, que notre étude identifie), mais d’identifier ce que chacun pouvait faire pour favoriser le bien-être et la santé mentale des jeunes.

M. MASSOT. Il faut agir le plus possible en amont et l’étude identifie tous les leviers que l’on peut activer pour que les jeunes aillent bien. L’idée est de créer des environnements qui favorisent la confiance en soi, dès le plus jeune âge.

F. COLAS. Il s’agit aussi de réfléchir à ce qui permet de développer l’esprit critique, de prendre de la distance. L’une des forces de cette approche, c’est que chacun peut y trouver une place : la famille, l’école… même si nous insistons sur le rôle crucial des collectivités pour créer un cadre propice au bien-être.

Certaines choses vous ont-elles surprises, quant au rôle que peuvent jouer les uns et les autres ?

F. COLAS. Je ne pensais pas qu’il y avait encore autant de réticences à parler de « santé mentale ».

M. MASSOT. Des jeunes que nous avons rencontrés nous ont parlé de « détabouïser la santé mentale ». C’est très parlant.

F. COLAS. Notre première préconisation est d’ailleurs basée sur l’idée qu’il faut diffuser une culture de la prévention.

M. MASSOT. Avec ce travail, nous aimerions faire progresser les mentalités : nous avons tous une santé mentale ! C’est une composante de la société, car l’enjeu est celui du développement de personnes positives, capables de relever les défis qui se présentent à eux. La prévention en matière de santé mentale des jeunes est un investissement pour la Bretagne !

F. COLAS. L’idée est aussi de travailler sur le chaînage de la promotion de la santé jusqu’au rétablissement, en passant par la prévention et le soin. L’idée est de faire en sorte que tous travaillent dans le même sens.

Un dernier mot ?

F. COLAS. Pour réaliser cette étude, nous avons échangé avec des jeunes, mais aussi avec des professionnels intervenant auprès d’eux, ou encore des chercheurs… 80 personnes en tout. Beaucoup de personnes exceptionnelles, qui nous montrent qu’il est possible de porter un regard positif sur ces questions !

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